Les théories de la segmentation remettent en cause l’unicité et l’homogénéité du marché du travail, en stipulant au contraire qu’il existe plusieurs segments cloisonnés, les uns étant rémunérateurs et offrant une stabilité et une sécurisation des carrières professionnelles (marché primaire) et les autres étant, au contraire, synonymes de faibles salaires, d’instabilité professionnelle et de précarité financière (marché secondaire). Si de nombreux travaux et études ont cherché à mettre en évidence l’existence d’une segmentation du marché du travail, aucune recherche n’a été menée sur cette question au Luxembourg. Cette publication a donc pour objectif de chercher à savoir si le marché du travail luxembourgeois est un marché segmenté et, le cas échéant, de qualifier et de quantifier les différents segments. Dans cette étude, l’examen de la revue de littérature montre qu’il existe des conceptions du phénomène différentes et que la segmentation peut se révéler à trois niveaux différents : le niveau entreprise, le niveau emploi et le niveau salarié. En testant empiriquement l’hypothèse de la segmentation au Luxembourg à partir du niveau d’analyse des emplois, les résultats de nos analyses mettent en lumière 8 groupes d’emplois sur le marché du travail. Ces 8 groupes peuvent néanmoins être regroupés en 3 catégories. La 1ère et la 2ème catégorie renvoient aux marchés primaire et secondaire énoncés par la théorie duale de la segmentation alors que la 3e catégorie, que l’on qualifie de marché intermédiaire, regroupe des emplois présentant des caractéristiques aussi bien du marché primaire que secondaire.
Proposition de citation
Leduc, K. & Genevois, A.‑S. (2012). Segmentation du marche du travail: Le cas luxembourgeois (Working Paper Series Nr. 35). Esch/Alzette. Centre d’études de populations, de pauvreté et de politiques socio-économiques (CEPS/INSTEAD).