Cet article montre que les résidents du Luxembourg ont des attitudes relativement posées vis-à-vis des grandes orientations économico-politiques que sont le libéralisme économique et l’égalitarisme. Ils appuient d’une manière réservée les formes pures du libéralisme et de l’égalitarisme et se montrent très favorables à la forme hybride qu’est l’égalitarisme conditionnel, qui combine justice sociale et méritocratie. En ce sens, les attitudes des résidents semblent être en phase avec l’attitude consensuelle adoptée au niveau institutionnel par les différents partenaires sociaux et caractéristique du « modèle social luxembourgeois ». L’article montre par ailleurs que, contrairement aux inquiétudes soulevées par certains observateurs, le consensus autour de l’égalitarisme conditionnel s’est maintenu au cours de la dernière décennie et transcende toujours les générations et les nationalités. C’est en fait au niveau des classes sociales que le risque de fracture se fait voir, les attitudes économico-politiques des différentes catégories sociales n’étant pas tout à fait les mêmes. Il appert que les catégories supérieures plébiscitent plus fortement les valeurs libérales alors que les catégories sociales inférieures sont plus favorables à l’égalitarisme pur. Le risque de rupture viendrait donc, dans cette perspective, davantage de l’accroissement des inégalités sociales que de l’immigration ou de la succession des générations.
Proposition de citation
Fleury, C. & Dickes, P. (2011). Liberté ou égalité ? Ce qu’en pensent les résidents du Luxembourg (Les Cahiers du CEPS/INSTEAD. Population & Emploi Nr. 12). Esch/Alzette. Centre d’études de populations, de pauvreté et de politiques socio-économiques (CEPS/INSTEAD).