La lutte contre le décrochage scolaire est une priorité de l’enseignement et de l’éducation nationale ainsi que de la protection de la jeunesse. En cas d’absentéisme scolaire important constaté par les professionnels du Service de Psychologie et d’Orientation Scolaires (SPOS), celui-ci est signalé au tribunal de la jeunesse. Il en est de même lorsque des irrégularités ou des difficultés dans le suivi scolaire sont observées par les enseignants ou les fonctionnaires de la commune. Le tribunal de la jeunesse mandate ensuite le Service de Protection de la Jeunesse (SCAS) pour la réalisation d’une enquête sociale sur la situation personnelle, familiale et sociale du jeune exposé au risque de décrochage scolaire.
L’absentéisme scolaire et le décrochage scolaire sont définis comme des problèmes complexes qui exercent un impact sur le rapport de l’adolescent au travail, au temps et à l’investissement (Huerre, 2010). En outre, Ricking (2010) fait la distinction entre les troubles anxieux qui génèrent l’évitement scolaire, la pratique de l’école buissonnière et l’absentéisme scolaire dû à un manque de contrôle externe.
Dans le cadre d’un projet de recherche mené à partir de la documentation relative aux enquêtes sociales menées par le SCAS, nous avons défini plusieurs repères afin d’examiner (a) les problématiques en matière de protection de la jeunesse, (b) les situations familiales rencontrées et (c) les solutions proposées. Afin d’appréhender les changements opérés dans le champ de la protection de la jeunesse au Luxembourg, nous avons analysé les enquêtes sociales de 3 années, à savoir 994 documentations de 2006, 2009 et 2012. La problématique de l’absentéisme scolaire représente environ 3% des enquêtes sociales du SCAS pour ces 3 années (SCAS, 2013) ; l’incidence de l’absentéisme scolaire est donc relativement basse en comparaison à d’autres problématiques, comme le milieu de vie (familial) problématique qui comprend 35% des enquêtes.
L’étude sur les enquêtes sociales du service de protection de la jeunesse du SCAS montre que la complexité de la problématique nécessite davantage de temps pour remédier à l’absentéisme scolaire. La situation familiale des jeunes montre une variabilité concernant les facteurs de risques et de protection spécifiques sans permettre une description uniforme. Quant aux recommandations d’intervention énoncées dans les enquêtes sociales au fil des années, nous observons que celles-ci favorisent davantage (a) le maintien du jeune dans son milieu familial et (b) s’expriment en faveur d’une intervention en dehors du champ judiciaire.
La discussion offre des réflexions sur le partage de la responsabilité et des propositions visant la mise en réseau des acteurs professionnels dans le but de permettre des alliances éducatives autour du jeune favorisant son accrochage scolaire.
Le décrochage scolaire à travers l’enquête sociale. Apprentissage du contexte luxembourgeois de la protection de la jeunesse
Proposition de citation
Dujardin, C. & Ferring, D. (2014/2014). Le décrochage scolaire à travers l’enquête sociale. Apprentissage du contexte luxembourgeois de la protection de la jeunesse. In Décrocher n’est pas une fatalité! Le rôle de l’école dans l’accrochage scolaire: Actes du 2ème colloque international du LASALE sur le décrochage scolaire (S. 287–297): Université du Luxembourg (UL).